Gand
Nichée dans la région flamande de la Belgique, Gand, ou Ghent en anglais, est une ville d'une richesse historique et culturelle remarquable. Située à l'embouchure de la rivière du Lys et de l'Escaut, lui a permis depuis l'Antiquité d'être le centre commercial vital de l'Europe du Nord. Du XIe au XIIIe siècle, elle est l'une des plus grandes villes d'Europe. Son héritage médiéval est encore très palpable aujourd'hui, avec des trésors architecturaux tels que le château des Comtes de Flandre, la cathédrale Saint-Bavon et le beffroi de Gand, tous inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO.
Abbaye Saint-Pierre
Érigée sur le mont Blandin au VIIe siècle par St-Amand venu prêcher le christianisme sur ordre du roi Dagobert Iᵉʳ. Mais à partir du Xᵉ siècle ce modeste monastère va devenir une abbaye bénédictine et les comtes de Flandres y seront inhumés.
Jusqu’au XIIIe siècle, l’Abbaye St-Pierre joue un rôle essentiel dans la vie économique mais elle va connaitre une période plus difficile dû à des achats et des emprunts irréfléchis et une politique de construction ambitieuse qui la conduisent au bord de la faillite.
Au XVIe siècle, les troubles religieux vont forcer l’abbé et ses moines à fuir à Douai. Ils reviennent en 1584 mais l'abbaye n’est plus qu’une ruine : l’église abbatiale et le dortoir ont été saccagés et la bibliothèque pillée.
Au XVIIe siècle, elle se redresse financièrement et commence à retrouver son aspect au point de briller de nouveau et de devenir l'abbaye la plus riche et luxueuse des Pays-Bas au XVIIIe.
En 1792, les Français entrent dans Gand et chassent les Autrichiens. Ils abolissent toutes les institutions religieuses, les 31 moines sont obligés de quitter les lieux en 1796.
Béguinage
Ce béguinage construit à partir de 1235 à la demande de la comtesse de Flandre est aussi connu sous les noms de petit béguinage ou béguine Notre-Dame ter Hoyen. C'est le mieux conservé d'avant la Révolution française.
Qu'est-ce qu'un béguinage ?
C'est un lieu où des veuves ou des femmes célibataires choisissent de vivre une vie religieuse sans avoir prononcé des vœux monastiques.
Les béguinages sont souvent entourés d'une enceinte dotée d'un ou de plusieurs accès, les habitations individuelles ou communautaires disposent chacune d'un "jardin de curé" et sont construites autour d'une église et d'un cimetière, ici le cimetière a été remplacé par une prairie.
En 1998, il est classé au patrimoine mondial de l'UNESCO comme d'autres béguinages flamands. Aujourd'hui, il n'y a plus de béguine, la dernière s’est éteinte en 2008, peu avant son centième anniversaire et les habitations servent de logements sociaux.
Mon avis :
Je ne connaissais pas du tout les béguinages que j'ai découverts pour la première fois ici à Gand et au-delà du concept que je trouve très intéressant, ce lieu est reposant et accueillant, il est très agréable d'y déambuler surtout quand vous y êtes seule ce qui fut mon cas lors de la visite.
La Cathédrale Saint-Bavon
En 942, Transmarus, évêque de Tournai et Noyon construit une église consacrée à St-Jean-Baptiste dont on peut encore voir les traces dans la crypte. Au cours du XVe et XVIe siècle, l'église est remaniée dans un style gothique.
Mais ce n'est qu'à partir de 1559, qu'on lui donne le nom de St-Bavon et qu'elle passe du statut d'église à cathédrale.
A l'intérieur, de nombreux chefs-d'œuvre y sont exposés à commencer dans le chœur, ce maître-autel en marbre de 18 mètres représente "L'Apothéose de St-Bavon", ce dernier est représenté sur un nuage entouré d'anges dans un faisceau de rayon divins.
J'emprunte le déambulatoire fait de colonnes en marbre et de portes baroques ouvragés pour me rendre à la chapelle des sacrements dans laquelle est exposé le célèbre "Agneau Mystique".
Cette peinture est l'œuvre des frères Van Eyck qui à la demande du couple Vyd vont réaliser ce retable aux dimensions impressionnantes : 3.4 m de hauteur et 4.4 m de largeur. Dans un premier temps, on pense qu'il est peint seulement à l'intérieur mais la face arrière l'est aussi. Initialement exposé dans la chapelle privée du couple, il n'était ouvert que le dimanche et les jours de fête.
Sans trop m'y attarder, voici une lecture simple de ce tableau, je commencerai la lecture de l'œuvre en haut à gauche avec la représentation d'Adam, les anges qui chantent, la vierge Marie, au centre Dieu, Jean-Baptiste, des anges musiciens et Eve.
En dessous, toujours en commençant à gauche : les juges équitables dont le panneau d'origine fut volé en 1934 et Jef Can der Veken a peint cette copie en 1939, on continue avec les chevaliers du Christ, au centre l'adoration de l'Agneau Mystique (je vais le détailler en dessous), les ermites, et pour finir les pélerins.
Ce panneau représente, l'adoration de l'Agneau Mystique dont le sang se déverse dans un calice qui est une allusion au fondement de la foi chrétienne. Au premier plan, la fontaine de la vie éternelle et de chaque côté les disciples, apôtres, martyrs, prophètes, saints et saintes, pères de l'église, .... sont venus du monde entier adorer l'Agneau de Jésus.
Me voilà maintenant dans la crypte St-Jean, dernier vestige de l'église romane qui est vraiment magnifique, en y descendant je ne pensais pas découvrir ses peintures sur lesquels je n'ai hélas trouvé aucune information. Je vous laisse donc les contempler.
Une autre œuvre majeure à ne pas rater en déambulant dans cette crypte, le triptyque du Calvaire ou triptyque de la Crucifixion réalisé par Juste de Gand dont on peut lire le nom en bas du tableau qui représente la crucifixion du Christ.
Le Beffroi
Sa construction débute en 1313 mais s'arrête quelque temps à cause du conflit entre l'Angleterre et la France. En 1338, il reçoit une flèche en bois et c'est en 1377 qu'un dragon est installé à son sommet, sa construction prendra fin peu après en 1380.
De 1442 jusqu'en 1869, sa fonction en plus de donner l'heure est de permettre aux gardiens de protéger la ville d'attaque mais aussi de potentiel feu. A partir de 1402, elle va abriter les privilèges de la ville qui seront mis en sécurité dans un coffre dont seuls trois personnes possèdent la clé avant d'être transférés à l’hôtel de ville en 1578.
Depuis 1999, il est classé au patrimoine mondial de l'UNESCO, dans une liste de cinquante-six beffrois de Belgique et de France, dont il est l'un des plus importants.
Château de Gérard le Diable
De style gothique, ce château-fort datant du XIIIe siècle. Il appartenait à Gérard de Gand qu'on surnommait aussi "Le Diable" qui va donner ce surnom à la forteresse. Ces descendants vont y vivre jusqu'au XIVe siècle avant de devenir la propriété de la municipalité qui le transforma tour à tour en dépôt d’armes, d’école des Hiéronymites, de séminaire, d’asile d’aliénés, de maison de correction et d’orphelinat, de caserne de pompiers.
Du château-fort d’origine, il ne reste que l’aile orientale bordée par le canal. Aujourd'hui, il est partiellement occupé par la Haute École de Gand.
Château des Comtes
Au IXe siècle, le comte Baudouin II fait construit des fortifications aux endroits stratégiques de ses terres dans le but de se protéger d'attaques extérieures et c'est son fils Arnoul Ier qui va faire ériger une forteresse en bois sur le site actuel du château des comtes.
Au XIIe siècle, la famille d'Alsace accède au trône comtal mais Philippe va apporter de nombreuses modifications, cela débute par remplacer le bois par de la pierre, élever et élargir la motte castrale. Le bâtiment central devient un immense donjon de 30 mètres de haut et fait l’objet de transformations intérieures.
Autour de la haute-cour, un mur pourvu de 24 échauguettes et d'un porche d'entrée en saillie est construit.
Le château en plus d'être une résidence pour les comtes de Flandres est aussi le centre administratif du comté où l'on y rend la justice. À partir du XIVe siècle, il devient le principal centre de l’administration judiciaire en Flandre où sont jugés les délits graves et les crimes de lèse-majesté mais aussi comme cour d'appel. Au XVIIe siècle, quatre tribunaux sont actifs dans le château.
La cour de justice déménage au XVIIIe et le bâtiment est vendu aux enchères, les recettes de la vente doivent alimenter respectivement le trésor public autrichien et français. Un premier lot est acheté par l'architecte Jean-Denis Brismaille sur lequel il va faire construire sa maison, un complexe industriel où sont implantées des filatures de coton et un atelier de construction métallique et une courée où sont logées une cinquantaine de familles ouvrières.
Le second lot devient la propriété de l’industriel Ferdinand Jan Heyndrickx sur lequel il installe également une filature de coton. À la fin du XIXe siècle, les filatures de coton s’exportent en périphérie de la ville, le site est dans un piteux état, on pense à le détruire pour le vendre comme terrain constructible, heureusement l'idée est abandonnée et c'est la municipalité qui rachète les maisons au fur et à mesure.
Le projet de restauration opte pour une interprétation romantique du château avant de pouvoir ouvrir ses portes aux visiteurs en 1907.
Avant mon retour en France, il me reste encore une ville à visiter : Bruges